La Fontaine de l'Allex et son couvert

Source de vie pour les hommes et les animaux, essentiel pour laver, abreuver, faire gonfler les tonneaux, éteindre les incendies, les fontaines ont fleuri tout au long des siècles. Dans la commune de Bex, la plupart d'entre elles datent du 19e et du début du 20e siècles. Les plus anciennes sont le plus souvent en « marbre » noir de Saint-Triphon, une pierre calcaire aux propriétés particulières. Dès la seconde partie du 19e siècle, la tendance est au gneiss, une pierre présente dans la vallée du Rhône sous la forme de blocs erratiques. Ceux-ci seront exploités en masse, notamment en raison de l'arrivée des travailleurs italiens venus en renfort de la construction du chemin de fer et qui possèdent la manière et les outils pour la travailler.

Le bassin de la fontaine de l'Allex a fait l'objet de plusieurs devis, résumés dans les archives communales en date du 1er novembre 1870, qui opposent principalement ces deux matériaux. Sur les trois devis fournis, c'est celui d'un certain Breganty de Monthey qui l'emporte avec un bassin de granit ; il était moins cher que ses concurrents qui proposaient du « marbre » de St-Triphon. Cette remarque peut s'appliquer à d'autres bassins de la commune.

Au-delà de l'anecdote, le projet accepté est représentatif d'un changement important dans le choix de la pierre. La concurrence du granit mettra en effet bientôt fin à l'exploitation de la carrière de "Fontenailles", à Saint-Triphon.

Comme pour toutes les fontaines, les archives communales contiennent de nombreuses interventions d'habitants qui se plaignent du mauvais usage ou de l'utilisation sans permis de la fontaine. L'eau est un bien précieux qu'il est interdit de "voler".

En 1994, un camion endommage bassin et couvert, ce qui pousse la commune à vouloir démolir le tout. La commune est remise à l'ordre par le Conseil d'Etat vaudois car les fontaines sont monuments protégés dans le canton de Vaud depuis 1973 ; on décide alors de restaurer le tout.

Le couvert actuel a remplacé un couvert qui aurait été – selon certaines sources – le résultat d'une œuvre de bienfaisance. Le bienfaiteur est un certain Frédéric Rosselet (1799-1891) d'origine neuchâteloise séjournant souvent à Bex, en compagnie de sa femme Marianne née Veillon. Le couvrement se fait à une date non certifiée, mais dans la seconde partie du 19e siècle. L'objectif était d'offrir une protection contre les intempéries aux femmes qui venaient laver leur linge dans le bassin. Ce type de bienfaisance est attesté également pour une autre fontaine de Bex, celle du quartier du Glarey, sponsorisée par la famille Gallet.