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Il se compose actuellement de deux parties distinctes. L’imposant clocher-porche du début du 16e siècle est l’un des plus remarquables de la région et le second plus haut du canton après celui de la cathédrale de Lausanne ; il est l’œuvre de Jean Vaulet Dunoyer. La nef de 1814 est aussi très originale avec sa terminaison semi-circulaire, tandis que ses vitraux à tendances préraphaélites, façonnés par le maître verrier anglais Clement Heaton en 1911, sont rares dans le domaine protestant.
En 2009, des fouilles réalisées sous la route, devant le porche, ont mis au jour plusieurs tombes médiévales, ce qui témoigne de la présence d’un cimetière autour de l’église. Les gros blocs de calcaire déposés à droite du porche proviennent du pont romain construit sur le Rhône, à Massongex.
Citée dès 1193, l’église de Bex a connu diverses phases de construction et de rénovation au Moyen Age, dont subsiste aujourd’hui l’imposant clocher-porche. Il est attribuable au « maître des beaux clochers », Jean Vaulet Dunoyer, auteur de la plupart des tours similaires dans la région, notamment à Montreux, Le Châble et Vollèges. Le clocher est consacré en 1501 (la date est inscrite sur le porche). Construit dans les années 1501-1514, il est très simplement composé d’un corps de plan carré, très élevé, que perce une remarquable porte au rez-de-chaussée et de vastes fenêtres en arc brisé au niveau du beffroi. La porte, typique de la manière de Dunoyer (voir les portails de Saint-Martin à Vevey et de l’église de Vouvry) avec son inscription d’un arc dans l’autre (un arc presque plane sous le tympan inscrit sous lui un arc brisé mouluré avec soin) précède un petit porche ouvert qui donne accès à la porte de l’ancienne église, en arc brisé à nouveau. Le niveau du beffroi, qui contient une cloche datée de 1413, est percé de quatre grandes ouvertures soulignées par un cordon mouluré, qui permettent au son de se répandre au loin. Enfin, morceau de bravoure de la composition, la flèche octogonale est cantonnée à sa base par huit lucarnes de pierre. Chacun de ses pans est légèrement concave, ce qui met en évidence les arêtes finement travaillées et permet un jeu d’ombre et de lumière des plus raffinés. De la série des clochers de Vaulet Dunoyer, il s’agit sans aucun doute du plus abouti – il s’agit aussi sans doute du dernier de sa production : la Réforme protestante adoptée peu après (le 5 mars 1528, à Bex) met fin aux nombreux chantiers religieux du tournant du siècle. Le 26 janvier 1946, la flèche du clocher a été abîmée par un tremblement de terre et réparée avec l’argent d’une souscription publique communale. Une petite pièce en haut du clocher a abrité les archives communales jusqu’à la fin des années 1990 : on pouvait y consulter les registres en compagnie des pigeons qui nichaient dans la charpente.
L’ancienne nef médiévale, sombre et étroite, desservait mal le culte protestant qui s’en était tant bien que mal accommodé. En 1791, une querelle surgit à propos des bancs du temple : on reproche aux nobles bernois le privilège d’avoir leur nom inscrit sur les bancs des premiers rangs. En parallèle, on lance un projet de reconstruction qui n’aboutit pas : l’architecte d’origine française Charles Bippert produit un premier projet qui est refusé. En 1806, un incendie touche le temple qui menace de s’écrouler. Pour le réparer, on lance une collecte communale et on oblige les chefs de famille du village à travailler gratuitement à la réfection du temple durant 24 jours chacun, en n’utilisant que des matériaux locaux, moins chers. Le projet architectural retenu est signé par l’architecte quasi-officiel du jeune Etat cantonal, Henri Perregaux. C’est à lui qu’on doit la nef actuelle, qui a été élevée en 1813-1814 ; elle se caractérise par son vaste volume couvert par une voûte initialement prévue en gypse et, surtout, par son « chœur » semi-circulaire assez unique à l’époque dans l’architecture réformée. Il peut évoquer le Grand Temple de la Chaux-de-Fonds (1796) conçu sur un plan ovale ; sinon, il se rapproche plus des églises catholiques néoclassiques du temps. A l’extérieur, le décor est sobre mais soigné : écriture délicate des encadrements des portes et des fenêtres en pierre de taille, proportions harmonieuses, adéquation de la forme à la fonction sont les principales caractéristiques de cet édifice emblématique.
L’intérieur a été transformé et rénové notamment à deux reprises, en 1927-1928 par Otto Schmid, puis en 1951-1952 par Frédéric Gilliard, afin d’être plus conforme aux nouvelles donnes du culte réformé. Son aspect actuel résulte de ces travaux. L’élément de décor le plus remarquable consiste toutefois sans aucun doute en les vitraux de Clement Heaton, un maître-verrier d’origine londonienne établi à Neuchâtel dès 1893. A Bex, il réalise en 1911 un cycle de cinq vitraux aux thèmes empruntés à l’Ancien et au Nouveau Testament : Adam et Eve chassés du Paradis, Moïse et les Tables de la Loi, le Christ, la conversion de Paul, la félicité des Elus. Les compositions sont conçues comme des tableaux montrant une scène encadrée par une bordure à ornements végétaux et géométriques. Le style de Heaton est très visiblement inspiré de l’art préraphaélite anglais, tant pour le dessin que le coloris. Avec les vitraux contemporains de Valeyres-sous-Rances, dus au même artiste, il s’agit des plus précoces exemples de réintroduction d’images dans un temple protestant vaudois, les restaurations mises à part (notamment celle de St-François à Lausanne, en 1906, par Heaton). La qualité des œuvres de l’artiste anglais est ici mise en valeur par la sobriété de la nef et de son aménagement.
En 2010, lors de travaux de génie civil, 120 tombes médiévales ont été mises au jour sous la route devant le porche du Temple. Ce cimetière remonte à la fondation de l’église Saint-Clément en 1193 et semble avoir été utilisé jusqu’en 1812, date de la rénovation du Temple.
Pour en savoir plus :
Travaux du séminaire de recherche en histoire de l’art de l’Université de Lausanne, sous la direction du Prof. D. Lüthi, 2014.
F. Gillard, « Essai sur l’ancienne nef de l’église de Bex », Revue historique du Chablais vaudois (= Revue historique du Mandement) 3, 1980.
Site du patrimoine du Canton de Vaud :
http://www.patrimoine.vd.ch/archeologie/sites-archeologiques/moyen-age-le-cimetiere-de-bex/
Office du Tourisme de Bex
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