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Le défilé de Saint-Maurice est un passage obligé pour qui se rend du sud au nord (ou vice-versa) par le col du Grand-Saint-Bernard. Les Romains, comme les Celtes, l'avaient bien compris puisqu'ils contrôlaient déjà ce défilé et prélevaient un droit de passage. L'Abbaye de Saint-Maurice puis les ducs de Savoie prennent la relève. La barrière "cantonale" Vaud (Berne)-Valais s'inscrit de 1475, au moment des guerres de Bourgogne et de l'occupation bernoise, jusqu'en 1798, date de la Révolution vaudoise.
En 1815, après les guerres napoléoniennes, la Suisse se constitue en confédération et le Congrès de Vienne reconnaît la neutralité suisse. Pour défendre cette neutralité et le pays - qui n'est encore qu'une alliance entre cantons - la Diète fédérale décide dès 1830 de fortifier plusieurs passages, dont celui de Saint-Maurice. À cette période, la Suisse est en difficulté avec son grand voisin la France pour différentes divergences de vue, aussi quelques précautions défensives sont prises.
Les travaux de ces fortifications vont être confiés au colonel Dufour. Ils nécessitent une reconnaissance du terrain, entreprise par celui-ci dès la création de l'armée fédérale en 1815, dont il est un des principaux artisans. L'idée est de protéger le pont de Saint-Maurice – dans les années 1830, celui-ci est le seul d'ailleurs qui permet de franchir le Rhône depuis le Léman – et d'empêcher son contournement.
Les ouvrages ne sont pas enterrés parce que, à l'époque, les canons ne sont pas encore à âme rayée et leur efficacité aléatoire. Les ouvrages de la rive droite consistent à interdire le passage à un adversaire venant de Bex et enveloppent tous les abords du pont, ce qui garantit ainsi la possession des hauteurs qui le dominent. Il s'agit principalement de murs crénelés, de palanques, de batteries (Gauthier – Arzillier – Capucins), du Front bastionné de Lavey, de la Redoute de la Crête, de remparts de terre et de fossés. Ces premières fortifications seront complétées en 1848 – autre moment de crise européenne –, en 1859 et 1892, puis abandonnées à la fin du siècle pour être remplacées par la forteresse de Dailly.
A noter qu'un ouvrage, la batterie du Rhône, fermait totalement le passage sur la route de Bex. Elle couronnait une barre rocheuse proéminente et a été détruite en 1959.
Le passage de la route cantonale, puis de l'autoroute, ont modifié l'aspect du passage et des fortifications qui peuvent toutefois toujours être visitées aujourd'hui.
En 1847, lors de la guerre du Sonderbund qui oppose les cantons catholiques aux protestants, ces fortifications marquent la frontière entre les belligérants. L'acte de reddition du Sonderbund a été signé à Sous-Vent en novembre 1847. Le colonel Dufour est alors le général en chef des troupes fédérales.
Source :
J. Langenberger, M.-C. Morand, Le Général Dufour et Saint-Maurice (Cahiers d'archéologie romande 35), St-Maurice, 1987.
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